Grande cause nationale 2025, la santé mentale s’invite dans le débat public. À Saint-Étienne, cette thématique a trouvé un écho particulier lors de la sixième édition des Ateliers du rétablissement en santé mentale.
Professionnels, bénévoles, aidants et personnes concernées s’y sont retrouvés pour échanger autour d’un même objectif : changer le regard sur la maladie psychique et mettre en lumière les pratiques qui redonnent du pouvoir d’agir à chacun.
“Un enjeu citoyen qui nous concerne tous”
« L’objectif de ces journées, c’est de poursuivre un programme lancé en 2021, de faire se rencontrer les acteurs du rétablissement et de montrer que chacun peut y contribuer », explique Christophe Buffavand, président de Santé Mentale France Auvergne-Rhône-Alpes.
Pour lui, la santé mentale n’est plus une question marginale : une personne sur trois sera concernée au cours de sa vie par un trouble psychique.
« C’est un enjeu mondial, mais aussi local : la solitude, à tout âge, est un facteur de risque majeur. En parler tôt, c’est déjà prévenir. »
Un événement participatif et inspirant
Les Ateliers du rétablissement ne ressemblent pas à un colloque classique. Ici, pas de tribunes figées : les échanges se font à hauteur d’humain.
Ateliers participatifs, expositions photo, tables rondes et moments conviviaux composent cette journée où l’expérience vécue a autant de valeur que le savoir académique.
Pour Delphine Allarousse, déléguée générale de la Fondation de France Centre-Est, cette approche est essentielle :
« Le rétablissement place la personne au cœur de son parcours de vie. C’est un processus unique, sans modèle fixe, où chacun avance à son rythme. »
La fondation, engagée depuis plus de trente ans sur ces questions, soutient chaque année des dizaines de projets : en 2024, 1,6 million d’euros ont été investis dans la santé mentale sur la région Centre-Est.
Le sport, un terrain de soin
Parmi les sept “Coups de cœur” régionaux récompensés cette année, le projet Remed’Rugby, né à Moulins-Yzeure, illustre bien la philosophie du rétablissement.
Un club de touch rugby inclusif, ouvert à la fois aux patients, aux soignants et au grand public.
« Sur le terrain, on apprend à s’écouter, à se soutenir, à gérer ses émotions, raconte Julien Handous, enseignant en activité physique adaptée.
L’esprit d’équipe et la cohésion deviennent de vrais leviers de mieux-être. »
“On commence enfin à nous écouter”
D’autres témoignages rappellent combien la parole des personnes concernées reste au cœur du changement.
Astrid, venue d’Ardèche, a connu la psychiatrie et s’engage désormais dans la pair-aidance.
« Pendant longtemps, on ne nous écoutait pas. Aujourd’hui, on reconnaît que nos vécus peuvent aider les autres. »
Pour elle, la lutte contre la stigmatisation reste une urgence : “Le regard des autres pèse souvent plus lourd que la maladie.”
Une région mobilisée
De la photographie à la médiation animale, du numérique au logement inclusif, les initiatives présentées à Saint-Étienne montrent une même volonté : ouvrir la santé mentale sur la cité et la région.
Ces ateliers rappellent que le rétablissement ne se limite pas aux soins, mais passe aussi par la culture, le sport, la solidarité — et la rencontre.
“C’est un enjeu de citoyenneté, conclut Christophe Buffavand. Le rétablissement, c’est l’affaire de tous.”
AC








