Marinette, la patiente, est âgée de 93 ans et n'en est pas à sa première greffe. Elle souffre d'une maladie héréditaire appelée "grillagée", fréquente dans la région, qui nécessite des greffes répétées environ tous les dix ans. « Les premières greffes ont eu lieu à quarante ans, la deuxième à cinquante, la troisième à soixante-dix, et ainsi de suite jusqu'à aujourd'hui », explique le Professeur Philippe Gain, chef du service d'ophtalmologie du CHU de Saint-Étienne.
Une équipe expérimentée au CHU
Deux chirurgiens expérimentés, Philippe Gain et Gilles Thuret, également professeurs et chercheurs, dirigent cette opération. Leur laboratoire, reconnu internationalement, témoigne de leur expertise. « Vous avez le patient allongé. Les champs seront mis sur l'ensemble du corps, sauf les yeux », précise le Professeur Gain. L'opération se déroule sous microscope opératoire, car la greffe mesure seulement quelques millimètres. « Le fil est extrêmement fin, il fait vingt microns de diamètre, c'est-à-dire que c'est plus fin que le plus fin de tous les cheveux », ajoute-t-il.
Les étapes de l’opération
Marinette est endormie sous anesthésie générale. La première étape consiste à retirer l'ancien greffon et l'ancien fil de couture. « Voici une zone où l'on devine la cornée qui est ulcérée et irrégulière. La fonction visuelle n'est pas bonne », explique le Professeur Gain en montrant l'œil sur un écran qui zoome sur la zone à opérer. Ensuite, le nouveau greffon est préparé. « Voici le greffon de six millimètres, qu'on va maintenant transférer sur le patient », indique le Professeur Gain juste avant de le poser sur l'œil de Marinette. La dernière étape est la couture avec un fil très fin en nylon. Une heure plus tard, l'opération est terminée.
« Souvent, les patients greffés nous remercient énormément. Je leur dis de ne pas me remercier, car je ne suis qu'un des maillons de la chaîne qui emploie peut-être quarante personnes autour d'un petit greffon de quelques millimètres », souligne le Professeur Gain. Il insiste sur l'importance de parler du don d'organes : « Parlez-en autour de vous pour que mes organes ou mes tissus, mes yeux aillent à quelqu'un et redonnent du bonheur ou de la vie ou de la vue à des gens. » La cornée, surdimensionnée en cellules, peut être prélevée à tous les âges et peut vivre jusqu'à deux cents ans, offrant ainsi une seconde chance à la vision pour de nombreux patients.
La récupération post-opératoire
Bien que l'opération soit indolore, Marinette retrouvera une vue complète au fil de plusieurs mois. Elle recevra des collyres de cortisone pour limiter les risques de rejet. « Comme toute greffe, mais un peu moins que les autres, il y a un risque de rejet qui est de l'ordre de vingt pour cent. Vingt pour cent, mais sachant que sur ces vingt pour cent de rejet, on arrive à en guérir neuf sur dix », explique le Professeur Gain. En cas d'échec complet, une regreffe peut être proposée, bien que cela reste assez rare.
T.RIVIERE







