À la Maison de Retraite Départementale de la Loire (MRL), le dialogue entre salariés et direction reste tendu. Ce jeudi après-midi, une trentaine de personnels ont cessé le travail à l’appel de la CGT. Une cinquantaine d’autres ont été assignés afin d’assurer la continuité des soins auprès des résidents.
Pour Thierry Toinon, infirmier de nuit et représentant CGT, les revendications sont claires : « Les moyens humains sont quand même désastreux. […] On nous rappelle à la dernière minute pour un arrêt ou quoi que ce soit parce qu'on n'a pas les moyens de trouver des remplaçants. » Selon lui, cette situation pèse sur l’ensemble du personnel et sur la qualité des soins : « On se pose la question qu’est-ce qu’on a fait, qu’est-ce qu’on a oublié de faire. C’est des grosses tensions au niveau du travail. »
Sandrine, aide-soignante à la MRL depuis 33 ans, raconte un quotidien éprouvant : « Les conditions de travail sont déplorables. […] On avait moins de matériel à l’époque, mais un côté humain qu’on a vraiment perdu depuis des années. Les personnes âgées ne sont plus la priorité des établissements, malheureusement. »
Adeline Schillack, infirmière et secrétaire adjointe du syndicat CGT-MRL, insiste sur le contexte national : « La plupart des EHPAD, il y a 85 % qui sont en déficit. Donc automatiquement, ça a des répercussions sur beaucoup de choses au niveau du fonctionnement. Les résidents pâtissent aussi et les agents sont épuisés physiquement et psychologiquement. »
Face à ces accusations, Philippe Poussier, directeur de la MRL, défend l’action de son établissement : « Bien sûr, il y a des difficultés, mais les soins sont assurés et les remplacements effectués. » Il rappelle que seulement 7 % des salariés ont participé à la grève et que la majorité continue à travailler normalement : « Nous avons 480 salariés et la majorité n’est pas gréviste. »
Le directeur met également en avant les initiatives de son établissement pour améliorer les conditions de travail et le quotidien des résidents : « Nous avons organisé 300 heures de rencontre avec tous les salariés, créé un service unique de rééducation et de maintien de l'autonomie, et rencontrons régulièrement les résidents et leurs familles pour co-construire leur parcours. »
Deux visions s’opposent donc : un personnel qui alerte sur un manque de moyens et un épuisement manifeste, et une direction qui assure que l’établissement fonctionne normalement et que les difficultés y sont mieux gérées que dans d’autres EHPAD.
AC








