L’Ironman, c’est 3,8 kilomètres de natation, 180 kilomètres de vélo et un marathon à enchaîner. Une épreuve redoutée même des meilleurs athlètes. Mattéo, lui, s’y est préparé dans son garage transformé en salle de sport, entre vélo d’entraînement et tapis de course.
Des débuts en tandem avec son père
Il y a dix ans, Mattéo ne sortait presque pas de sa chambre. Autiste, il vivait replié sur lui-même, entre dessins animés et jeux vidéo. Son père lui propose alors de monter sur un tandem, pour partager des sorties à vélo.
« En fait, il est arrivé dans le triathlon un peu par hasard », raconte son père. « Au début, je l’ai lancé sur un tandem parce que j’étais ancien coureur cycliste. Puis on a découvert les courses jeunes de triathlon, et tout de suite il a accroché. À 13 ans, on en faisait presque une par semaine. »
Rapidement, le tandem laisse place au vélo en solo. « Il a voulu tout apprendre, alors qu’au début il ne savait pas changer les vitesses, ni freiner, ni rouler avec d’autres. Aujourd’hui, le voir à ce niveau-là, c’est quelque chose qu’on n’aurait jamais imaginé. C’est une grande fierté. »
Un exploit en Afrique du Sud
En mars dernier, Mattéo franchit une étape historique : il boucle son premier Ironman complet en Afrique du Sud. En 10h53, il termine l’épreuve et remporte sa catégorie d’âge (18-24 ans). Mais l’exploit va plus loin : il courait avec des athlètes valides… et les a battus.
« Avant, j’étais bloqué dans ma chambre. Le triathlon m’a donné confiance en moi. Ça a bouleversé ma vie », confie-t-il.
Ce succès a été vécu comme une véritable revanche : « C’était la première fois qu’un autiste comme moi gagnait dans cette catégorie, face à des valides. On se sent fier, on sent les gens qui nous encouragent tout autour. C’est énorme, on se croirait au carnaval », sourit-il.
Un message d’espoir
Derrière ses mots, un véritable appel aux autres : « Nous, les autistes, on a plein de talents. On peut réussir de grandes choses, même les plus dures, comme les Ironman. Si je devais laisser un message, ce serait de passer du temps avec son père, de faire du sport avec lui. Ne restez pas enfermés dans votre chambre, ce serait dommage. »
Son père confirme la portée de cet exemple : « On reçoit beaucoup de témoignages de familles, de parents d’enfants autistes, qui nous disent que Mattéo est un modèle. Si ça peut donner envie à d’autres de se lancer, alors ce sera une victoire de plus. »
Direction Nice
Ce week-end, Mattéo sera sur la ligne de départ aux côtés des meilleurs triathlètes mondiaux. Son objectif : battre son record personnel et franchir la ligne d’arrivée sous les 10h40. Mais son père, qui veille à chaque détail logistique, avoue être plus stressé que lui : « Je dois tout préparer, ses sacs, ses ravitaillements… Lui, il partirait sans rien. Moi je vis la course avec la boule au ventre, surtout quand il est sur les 180 kilomètres de vélo. Tant qu’il n’a pas posé le vélo, je souffle pas. »
Quelle que soit sa performance dimanche, Mattéo sait déjà ce qu’il a accompli : transformer sa différence en force et inspirer d’autres jeunes.
« De Sevelinges à Nice, son parcours incarne une incroyable leçon de courage et de persévérance », conclut son père, les yeux brillants.
AC







