Fondé en 1960 par Jacques Gonnet, le Studio Gonnet a vu défiler des générations de photographes, amateurs ou aguerris, venus chercher conseil, matériel rare et inspiration. Aujourd’hui, l’institution ligérienne s’installe dans un nouvel écrin à Saint-Étienne, où tradition et modernité se rencontrent, et où la passion de la photo continue de se transmettre.
Installé depuis des décennies au Chambon-Feugerolles, le magasin tourne une page sans renier son histoire. Comme le rappelle le gérant, Frédéric Zullo :
« Oui, c'est pour ça qu'on garde le nom Studio Gonnet. Ce magasin au Chambon-Feugerolle, historiquement, existe depuis 1960, juin 1960. C'est Jacques Gonnet qui l'a créé. On revient à Court-Fauriel, là où M. Gonnet, qui nous a quittés malheureusement l'an dernier à 95 ans, allait à l'école Court-Fauriel et travaillait chez Hortier. Donc, c'est presque un retour aux origines. »
Le gérant plaide pour la continuité des valeurs qui ont fait la réputation de la maison : « la renommée de cette maison, c'est le sérieux. [...] on fait toujours les choses avec sérieux. Et puis, en même temps, on a la confiance de la clientèle et on a la confiance des fournisseurs. » Pour lui, le Studio Gonnet demeure « une maison photographique où on retrouve toutes les marques de l'occasion, du neuf, des produits, du tirage. C'est un peu la maison de la photographie. Oui, on dépasse même les frontières de la Loire, mais on est au moins la maison de la Loire pour tous les passionnés et les professionnels de la région. »
Cette réputation se traduit parfois par des commandes étonnantes : « Nos clients passionnés, collectionneurs professionnels, nous font une belle… alors peut-être pas une belle publicité, mais en tout cas une belle histoire. […] Il y a quelques années, on a livré un bel ensemble photographique à Moscou. » Et le gérant ajoute, évoquant un autre signe de confiance : « On a livré le palais princier de Monaco, par exemple. »
Le déménagement vers Saint-Étienne répond aussi à un besoin matériel : la boutique historique ne pouvait plus « pousser les murs ». Le nouveau local — un espace de 140 m² cours Fauriel, aménagé dans une ancienne pharmacie et deux fois plus grand que la boutique du Chambon — doit permettre d’accueillir ateliers, conseils techniques, matériel neuf et d’occasion, et des rencontres autour de l’image. Le gérant évoque des projets concrets : « On a des projets de développement sur la formation, sur l'accompagnement. On aimerait un petit peu, non pas forcément s'agrandir, mais s'épaissir en termes de sujets abordés. »
Si la renommée dépasse la Loire, la dimension locale reste centrale. Jean, client de longue date résume bien le double mouvement : ancrage local et ouverture aux enjeux contemporains :
« Alors déjà, je suis un passionné de photo. J'ai connu le studio Gonnet parce que c'était les premiers en France à faire du matériel d'occasion… Et puis après, le feeling avec Fred, qui a toujours été… Moi, ça m'arrange parce que c'est plus près de chez moi. Et puis, c'est plus d’espace, donc plus du visuel, c'est chouette. »
Un autre client insiste sur l'importance du conseil et de l'achat local :
« Ici, c'est le conseil, c'est l'accueil. Voilà. Et puis, le fait qu'on puisse avoir en face de soi des gens compétents, des gens qui ont plusieurs années d'expérience en photo. [...] Aujourd'hui, on a besoin de conseils. Sinon, on va sur Internet. On a besoin de conseils, mais quand on veut du conseil, créer un lien et puis acheter localement, surtout. Ne pas faire partir l'argent en dehors de Saint-Étienne. »
La boutique conserve aussi une dimension conviviale et communautaire, racontée par Freddy, client de 45 ans : « Jacques Gonnet, c'était une caverne d'Alibaba, le magasin de Jacques Gonnet. Aussi bien pour ce qui était des optiques, des boîtiers que des agrandisseurs. […] On y venait même pour boire le café, discuter un petit moment, parler photo. Voilà. Un véritable passionné. »
Pour marquer le respect de l’équipe envers son fondateur, le gérant a d’ores et déjà prévu un espace nommé en hommage : « le petit espace à côté, Cosy, s'appelle l'espace Jacques Gonnet. » Ce témoignage montre que, malgré le déménagement, l’attachement aux racines reste intact.
Le Studio Gonnet s’installe donc à Saint-Étienne avec l’ambition de rester fidèle à ce qui a fait sa force — le sérieux, le conseil, la confiance — tout en ouvrant de nouvelles possibles : ateliers, formations, rencontres et une surface qui permet d’élargir l’offre. Le nom reste, la maison continue, et la passion pour l’image se transmet — à la ville cette fois.
AC








