Selon le site d'information Médiapart, Gilles Artigues, premier adjoint à la Ville de Saint-Etienne jusqu'en mai dernier, aurait été victime d'un chantage de la part de l'entourage du maire de Saint-Etienne - Gaël Perdriau - au travers d'une vidéo l'affichant avec un escort-boy, en décembre 2014.
Un enregistrement pris à son insu, par un membre de la majorité municipale, Samy Kefi-Jérôme, et son ex-conjoint Gilles Rossary-Lenglet. Le but : "gérer" Gilles Artigues, pour ne pas qu'il ait l'ambition de briguer le poste de maire.
Sur les images consultées par Mediapart, on identifie clairement Gilles Artigues, Samy Kéfi-Jérôme, ainsi qu’un escort gay, qui a été contacté sur un site internet dédié. "J’ai tout géré depuis Saint-Étienne. Samy a payé sur place l’escort", affirme Gilles Rossary-Lenglet au site d'information en ligne.
"L’élu y apparaît nu sur le lit, l’escort torse nu. Le film ne montre aucune relation sexuelle, mais son contenu est suffisamment compromettant pour le premier adjoint" Médiapart
"Un puzzle quasi-complet"
Joint par nos soins, ce vendredi après-midi, le journaliste de Médiapart qui a "mené l'enquête durant plusieurs mois" - Antton Rouget - parle de "chantage machiavélique". Une affaire rarissime, à l'égard du nombre de témoignages et d'éléments matériels recueillis (dont la vidéo compromettante). Lui faisant dire que "le puzzle est quasi-complet" :
"C'est inédit à Médiapart. Je n'ai pas de souvenir, dans l'Histoire politique récente, d'une telle affaire avec ce niveau de détails" Antton Rouget
Aucune plainte n'a encore été déposée
Le maire Gaël Perdriau et son directeur de cabinet Pierre Gauttieri nient toute implication et affirment n’avoir "procédé à aucune demande en ce sens". Nos demandes d'interviews auprès du maire n'ont pas abouties jusqu'à présent.
Contacté par nos soins, Maître André Buffard (l'avocat de Gilles Artigues); n'a pas encore pu nous répondre. Mais selon Antton Rouget, "une plainte est en préparation. Me Buffard était dans l'attente de la publication de notre article. Car les informations qu'on révèle sont des éléments extrêmement importants dans la rédaction de sa plainte".
- Réaction du groupe d'opposition "Saint-Étienne Demain"
"Les révélations explosives et inédites de Médiapart publiées ce jour sur les méthodes de "barbouzes" du clan Perdriau sont édifiantes et consternantes. Nous en prenons connaissance avec stupeur. Dans un premier temps, les élus du groupe Saint-Etienne Demain tiennent à faire part de leur soutien républicain à Gilles Artigues, qui aurait été victime d'un odieux chantage destiné à réduire son rayonnement politique. Ce qui avait été qualifié de "miracle de l'union de la droite" à l'occasion des municipales de 2014 par les observateurs politiques avait donc de bien sombres explications.
"Des méthodes dignes des pires systèmes mafieux"
Les méthodes évoquées dans l'article, pour nuire à des responsables politiques ou les réduire durablement au silence, sont dignes des pires systèmes mafieux mais ne constituent hélas pas une surprise pour toutes et celles et ceux qui sont bien au fait du fonctionnement de la mécanique du "système Perdriau" et de son proche entourage, dont la capacité à broyer des personnes a été maintes fois évoquée.
Le groupe d'opposition n'exclut pas de "saisir les juridictions compétentes"
Les quelques réponses assénées avec légèreté et insouciance par les personnes incriminées contrastent fortement avec l'extrême gravité des faits allégués : chantage, possibilité de détournement de fonds publics sur la base de subventions attribuées à des associations, tentative de corruption, etc. Aussi, en lien avec nos conseils, nous réfléchissons d'ores et déjà à saisir les juridictions compétentes. Plusieurs responsables de la majorité municipale, et le Maire lui-même, doivent désormais solennellement s'expliquer devant les Stéphanois, et probablement devant la Justice. Si ces faits, qui ne doivent pas avoir droit de cité dans une démocratie, sont avérés, il ne serait bien sûr pas imaginable que le premier magistrat puisse rester en place".
- Réaction du groupe communiste à la Ville de Saint-Etienne :
"Ce que nous y avons lu nous a terriblement choqué et nous apportons notre soutien à la
victime. Nous rappelons que nous défendons la liberté et le droit au respect des personnes
quelque soit leur orientation sexuelle [...]Cette affaire éclaire d’une lumière crue certaines alliances nouées ces dernières années et les pratiques de certains pour rester au pouvoir. La justice devra aller jusqu'au bout : la vie politique locale ne peut pas et ne doit pas être fondée sur de telles pratiques juridiquement répréhensibles et humainement
monstrueuses. Mais d’ores et déjà la responsabilité de trois personnes semble engagée. Elles devraient se mettre en retrait de la vie politique de la ville et de la métropole le temps que la Justice fasse son travail".